C'est à travers Caranthir que Feanor retrouvait son père, Finwë. Même si Carnistir tenait autant de Nerdanel que de lui, Morifinwë avait la même chevelure que son grand-père. De longs cheveux fins, qui lui arrivaient au milieu du dos. La ressemblance la plus frappante résidait dans leur couleur : ils étaient noirs. Noir comme la nuit la plus sombre, noir comme le gouffre le plus profond. Aussi noir que Valinor après la mort de Telperion et Laurelin.
Comme tous les Noldors, Caranthir est beau. Son visage est fin, et sans grandes imperfections. Sa mâchoire est légèrement plus carré que le commun des Noldors. Tout, dans son visage, pousse à la confiance et à la compassion : jamais on ne put penser que le Serment sorti de sa bouche tant Morifinwë semblait doux.
Seuls ses yeux juraient. Sombres et perçants, ces derniers étaient à la fois vides d'émotions et emplies de colère et de haine. Son regard était implacable, et donnait l'impression de sonder les moindres recoins de l'âme d'une personne quand il la regardait.
De tous les enfants parfaits de Feanor, c'était au travers de Caranthir que le Serment semblait vivre. Morifinwë était le plus colérique, le plus bagarreur, et le plus enclin à la guerre. Il n'était pas patient, préférant l'action aux longues discutions. Il était le bras vengeur de Feanor. Il était persuadé d'être le seul des Sept à avoir le mental capable de récupérer les Silmarils.
Carnistir n'a cependant aucune rancoeur envers ses frères. Il sait au plus profond de lui même que chaque membre de la fratrie a dut faire des choix, fuir pour survivre. Caranthir fera tout pour réunir à nouveau les Sept et pour marcher sur le Nord.

Morifinwë n'est que peu préoccupé par son apparence : il sait que Morgoth veille, et que bientôt, il se réveillera et se mettra en marche. C'est pour cela que Caranthir, du haut d'Amon Ereb, se tient prêt. Telle une seconde peau, Caranthir ne quitte jamais son armure. Majoritairement noire et argentée, cette dernière est composée de plaque de métal et de maille, épousant parfaitement son corps musclé et sec. Par dessus cette dernière, il porte un surcot aux couleurs d'Amon Ereb, qui est serrer à la taille par une ceinture de cuir : la boucle est une étoile, là même qui orne ça cape. Sa lourde épée pend toujours à ses côtés.

Dans l'allure, Morifinwë est plus guerrier que Roi, mais l'habit ne fait pas le moine. Caranthir n'oublie pas le Serment, qui guide chacun de ses pas, mais il sait aussi être bon avec ses sujets. Il gouverne le Royaume d'Amon Ereb, assisté par ses deux frères Amrod et Amras. Ensemble, ils forment le Conseil. Caranthir reste le personnage publique, mais c'est avec ses deux frères qu'il prend toutes les décisions du Royaume. Souvent, les deux jumeaux tentent de calmer Morifinwë, qui a hérité du tempérament flamboyant de Feanor.






L'histoire de ma famille n'est pas glorieuse. L'histoire qui est mienne est connu de tous, mais délaissée. Oubliée, comme les tempêtes quand les jours ensoleillés viennent. Dans tout Arda, le nom de Curufinwë est connu. Des froides contrées d'Angband, au royaumé cachée de Doriath, en passant par les monts Naugrims, le nom de Feanor est connu et craint.
Le nom de ces septs enfants l'est encore plus. Tous représentent et convoitent un héritage perdu, à jamais, abandonné aux flammes et aux ténèbres : les Silmarils.

Vous conter mes belles années en Valinor ne servirait à rien, Beleriand ne s'en souviendrait pas. Vous contez ma naissance dans la ville de Tirion, mon enfance passé avec mes frères, mes longues heures de marche avec Amrod et Amras me semble inutile. Vous parler des heures passer à admirer mon père et  Curufin marteler l'acier ne servirait à rien.
Je suis Morifinwë, « Le Noir », quatrième enfant de Curufinwë, et, de Valinor à Beleriand, je suis connu pour être le plus violent et le plus instable de la lignée de Feanor. C'est pour cela que vous contez mes belles années est inutile, vous les oublierez rapidement, préférant l'image que vous avez toujours eu de moi.

Ce n'est qu'en 1494 des Années des Arbres que ma vie pris réellement un sens, pour vous, comme pour moi. Quand je vis Curufinwë se dresser devant Mindon Eldaliéva, en crachant toute sa haine et sa colère envers le monde entier. Il prêta le Serment de poursuivre toutes personnes, toutes entités, possédant les Silmarils. C'est alors que Maedhros le rejoint le premier, tira sa lame et prêta serment à son tour. Père et fils furent rapidement rejoint par le reste de la fratrie, et par une grande partie du peuple de Tirion.

C'est peu de temps après, durant le massacre des Teleris dans leur citée portuaire de Alqualondë que le nom de Caranthir me fut donné. Heureux à l'idée de combattre, enivré à l'idée de tuer pour la cause des Feanoriens, je fus un des premiers à faire couler le sang, sourire aux lèvres. Et à mesure que le massacre des Teleris s'intensifiait, je perdais mon sang froid et mon contrôle de moi-même, si bien que je n'ai que très peu de souvenir des combats. Certains dirent d'ailleurs que, au plus fort des combats, je me tenais devant tous, épée au poing, brandissant fièrement l'étendard de Feanor, hurlant sur les Teleris, et que, tel Tulkas le Vaillant, je me ruais sur mes ennemis en entonnant des chants.

La suite de cette histoire n'est pas la plus simple à raconter. La traversée de la grande mer ne fut pour moi que l'occasion de me replier sur moi même. Alors que certains s’émerveillèrent devant la vue que nous offrait notre arrivée en Beleriand, je ne pensais qu'aux combats à venir, et à notre serment qui était sur le point de se terminer. Du moins, c'est ce que je pensais. Dans les contrées d'Hitlum, au nord de Beleriand, mon père fut blessé mortellement par les troupes d'Angband.

La mort de Curufinwë fut un tournant de ma vie : lui seul me semblait être capable de commander les Noldors et de récupérer ses œuvres. Maedhros voulut prendre le contrôle des troupes Feanoriennes, mais rapidement, il disparu, emporté dans les ténèbres. Les disparitions de Feanor, et de Maedhros ne firent qu'affirmer une idée qui avait germé dans ma tête : je devais partir. Nous devions tous fuir, pour mieux nous préparer. Il n'y avait aucun déshonneur à se retirer d'un combat perdu d'avance. Je partis d'Hitlum à la hâte, suivi par mes deux frères jumeaux, Amras et Amrod, ainsi qu'une poignée de guerriers.

Nous nous sommes réfugiés dans la région du Thargelion, dans le royaume portant le même nom, entièrement créé de nos mains. Mais désormais, vous me connaissez. Je suis plus guerrier que seigneur. Trop instable pour gouverner mes propres terres. Je me suis replié dans la forteresse d'Amon Ereb, d'où, Amras, Amrod et moi même exerçons notre pouvoir sur les terres environnantes,  laissant la gouvernance du Thargelion aux Orientaux.



©Finrod pour le Seigneur des Silmarils: l'Ombre de Morgoth